mardi 8 mai 2012

Chap. 2 - Douce Hrosvitha de mes deux !


 


Il était tard, Hildegarde s’était barrée, j’avais pas envie de dormir, j’avais pas plus envie de me mettre à rédiger ce putain d’article pour la putain de revue de Belami. Et puis, qu’est-ce que j’allais bien pouvoir raconter sur ces connards de motards tatoués ? Allez, un petit coup de Berlioz, ça peut pas faire trop de mal, La Damnation de Faust, surtout le deuxième acte. Je me suis resservi un Cointreau. J’étais tranquille, calme, peinard, détendu, la queue rassasiée, tout allait bien. Ça pouvait pas durer, sûr. Le téléphone, Hrosvitha. Et merde ! Et en colère, en plus !

- Ah, tu peux être fier de toi !

- Viens pas me faire chier avec tes conneries, pas maintenant. Écoute, j’étais dans un de ces moments où l’humanité me paraissait presque supportable, et il faut que tu viennes m’emmerder avec tes histoires.

- Et quelles histoires, s’il te plaît ?

- Je sais pas, des histoires, tes histoires.

- T’es un salaud, un beau salaud, un vrai salaud.

- Moi ?

- Tu crois que je sais rien ?

- De quoi ?

- De ta petite salope ?

- Isalope, s’il te plaît !

- Alors, tu crois que je sais rien, des amis bien intentionnés se sont empressés de me raconter la soirée chez Toni.

- Et alors ?

- Et alors ! Tu me prends pour une conne. T’es pas parti avec elle, peut-être ? Vraiment ! Une gamine, vingt ans tout au plus ! T’es rien qu’un salaud !

- Écoute, pourquoi tu te mets dans des états pareils ? Elle se sentait mal, je lui ai simplement proposé de la raccompagner chez elle, voilà tout.

- Et menteur par-dessus le marché ! Tu sais pas mentir, t’as jamais su mentir !

- Tu m’emmerdes à la fin, on est pas mariés que je sache, je t’ai jamais rien promis, non ?

- Oh, pour ça non, tu promets jamais rien, rien, à personne !

- Allez !

- Non, fiche-moi la paix, une gamine !, et elle sait sucer ?

- Voyons, calme-toi !

- Me dis pas comment je dois être ni ce que je dois faire, t’es qu’un salaud, et quand tu me baises, c’est quoi, hein !, c’est quoi, dis !, de la compassion ?

- Si tu commences avec tes délires cathos, c’est moi qui raccroche, d’ac’ ?





Dès que je haussais le ton avec Hrosvitha, elle baissait immédiatement le sien. Elle m’aimait, d’ac’, mais en plus elle était jalouse. La peste sur un plateau d’argent ! L’entretien téléphonique était on ne peut plus désagréable, et pour tout dire, me faisait singulièrement chier. Enfin, quoi !, elle aurait pas pu me foutre la paix, attendre le lendemain et me laisser tranquillement avec Berlioz ? Non, fallait toujours qu’elle rapplique quand personne l’avait sonnée, et en colère en plus ! Bordel de dieu ! À la fin, je me limiterai aux putes, avec elles, au moins, c’est clair, rapide et clair, sans problèmes quoi, comme ça devrait être dans la vie ! Mais non, fallait toujours qu’il y ait de l’amour, des sentiments, des trucs qui font chier, mais chier !

- J’arrive.


        Et avant que j’aie pu en placer une, elle avait raccroché. Et merde ! Elle allait rappliquer, elle pleurerait, il faudrait que je la console, que je lui assure que l’autre n’était rien qu’une petite grue sans importance qui m’avait réjouit l’extrémité bitale (c’était une blague qui faisait toujours se fendre la trogne de mon pote Néné !) et rien de plus. Il faudrait toujours se choisir les femmes en fonction aussi du lieu où elles habitent, établir un nombre de kilomètres suffisant, une distance prudente, par exemple pour se donner le temps de déguerpir, surtout quand elles ont décidé de venir vous faire chier ! Hrosvitha vivait à deux minutes trente de chez moi. Grossière erreur de ma part ! Deux minutes et demie plus tard, elle sonnait. Elle sonne. Elle entre. Elle chante.



- Alors, elle t’a sucé, c’est ça !, comment elle a fait ?, hein !, comment ?, explique-moi !

- Mais comme tout le monde, on ouvre la bouche, on bouge la langue, de haut en bas, comme une glace ou une sucette.

- Salaud, et en plus tu sais même pas raconter !

- Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? Elle m’a sucé, un point c’est tout.

- Comme ça ?



À ce moment-là, elle a ouvert ma braguette, a légèrement baissé mon pantalon, elle a sorti ma queue de son endormissement douillet et s’est mise à me sucer avec une frénésie ! Elle pompait comme une démente, et moi, conciliant, je la laissais faire, certain qu’elle allait se fatiguer en constatant qu’il n’y avait rien à tirer de cette excroissance rachitique et penaude qui ne demandait qu’à retourner d’où on l’avait sortie. Mais non, Hrosvitha continuait à pomper, et lorsqu’elle reprenait sa respiration, c’était pour s’adresser à ma queue et lui dire : Alors comme ça, t’aimes qu’on te suce, alors prends ça, tu vas voir ce que tu vas voir ! Le deuxième acte de La Damnation de Faust était terminé et je n’avais pas pu écouter la dernière scène. Et merde ! Et l’autre qui pompait, qui continuait à pomper comme si sa putain de vie dépendait de ce pompage ! Au moment où j’ai cru qu’elle allait laisser tomber, j’ai senti que ma queue réagissait, qu’elle se gonflait peu à peu, l’isalope !, et proposait même à la bouche aspirante une bandaison plus qu’honorable. Qu’à cela ne tienne, qu’elle me suce, dommage quand même que je ne puisse pas attraper la commande du lecteur pour remettre Berlioz, oui, vraiment dommage ! Allez, pompe, oui, comme ça ! Et elle soufflait la garce, elle s’appliquait, et en haut et en bas, et la langue, et les couilles, et des petits Salope ! de temps à autres. Ça tardait quand même à venir. Elle y a mis la main, elle m’a attrapé la queue et s’est mise à me branler avec une vigueur presque furieuse : Allez, jouis, salope ! qu’elle disait en regardant l’extrémité rougir sous la pression et la violence du mouvement de son poignet. Et puis tout à coup c’est sorti, elle avait pas fait attention, c’est venu se loger en plein dans son œil droit, un monocle dégoulinant, une conjonctivite inquiétante ! Elle a alors attrapé le tout d’un geste décidé et s’est léché les doigts, tout en me disant : Et elle fait ça, ta pouffiasse, hein, elle fait ça ? Non, ma pouffiasse ne faisait ça, mais il valait mieux se taire. C’était trop pour une seule queue en si peu de temps. Hrosvitha s’était calmée : Tu pourrais au moins m’offrir un verre ! qu’elle m’a dit. D’ac’, un verre, et un autre pour moi.



- Pourquoi tu me fais ça, hein ?

- Mais je ne TE fais rien, absolument rien.

- Tu aimes me faire souffrir ?

- Mais non, voyons, bien sûr que non !

- Alors, pourquoi tu ne m’aimes pas, hein, pourquoi ?

- Mais si je t’aime, bien sûr que je t’aime.

- Non, tu ne m’aimes pas, tu m’utilises quand tu n’as personne d’autre, quand tu es seul, quand tu veux baiser, et c’est tout !



Je pensais que c’était déjà pas si mal, et qu’elle aurait tout à fait pu s’en contenter, mais non, les sentiments, toujours les putain de sentiments ! J’avais pas envie de discuter, j’avais mal aux couilles et envie de m’endormir en écoutant la dernière scène de La Damnation de Faust. Reste dormir avec moi, si tu veux, que je lui ai dit. Elle a accepté, j’ai mis le disque en route et au bout de cinq minutes j’étais parti, je dormais, enfin...



Le lendemain matin, elle me réveilla en me suçant doucement la queue. Lorsque j’ouvris les yeux, je vis un plateau avec croissants et  jus de fruit sur la table de nuit. Elle me demanda si ça allait et si je ne lui en voulais pas trop pour la scène de la veille. Je lui répondis que c’était déjà oublié mais que, à l’avenir, je préférerais qu’elle prenne ce genre de chose avec un peu plus de légèreté. Je t’aime tellement, espèce de voyou ! qu’elle me murmura dans un baiser qu’elle déposa délicatement dans le creux de mon oreille. Allez, je pars travailler ! On se téléphone ? D’ac’, on se téléphone.



Bon, allez, l’orage était passé, une petite douche, un tour aux chiottes et au boulot, fallait quand même que je le lui fasse, à Belami, son article sur les dingues en Harley ! Mais par où commencer ? J’avais aussi un peu mal à la queue, normal, j’avais le capuchon d’un rouge violacé. Aujourd’hui, repos, camarade, tu ne feras que pisser !

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