Bon, mon article sur les
concentrations de Harley-Davidson n’avançait pas, je me demandais même si je
pourrais pas faire appel aux talents de María Asunción, non, fallait que je me
démerde seul ! Il était onze heures et j’avais encore rien foutu de ma
journée ! Et merde ! Allez, un disque, Zimmermann, Die Soldaten. C’est quand même
incroyable, mais à chaque fois que je veux être tranquille, y a ce putain de
téléphone qui se met à frétiller. Cette fois-ci, c’était Hildegarde, l’ignare
de la veille. Quoi ?, tu veux passer ?, d’ac’, quoi ?, un cadeau
pour moi !, bon, si tu veux, je t’attends !
Je regardais mon article à
peine commencé avec une bobine de désolation, sûr, Belami allait me téléphoner
pour me relancer, et puis fallait aussi que j’écrive ce que je lui avais
proposé sur C’est quoi l’amour ?,
là non plus, je savais pas trop comment commencer. Enfin, si, peut-être, une
bonne intro bien grasse sur l’amour du prochain, et puis, juste après, l’amour
conjugal, j’avais quelque chose à en dire, non ?, j’avais quand même été
marié pendant quinze ans, alors, une petite idée sur la question, je devais
bien en avoir une ! Pour les références bibliques, suffisait de trouver
les citations, facile, je disposais d’un dictionnaire de la Bible qui allait
m’éviter la relecture qui, même en diagonale, m’aurait demandé au moins deux
jours. J’ai attrapé un bout de papier et j’ai commencé à noter les références :
Mt 22, 34-40 ; Mc 12, 28-34 ; Lc 20, 39-40 ; Mc 12, 33 ;
Dt 6, 5 ; Lv 19, 18 ; Os 6, 6 ; Os 1 à 3 ; Jr 2, 1-2,
3, 1-14 ; Is 54, 6-7,
62, 4-5, Ez 16 ; Ep 5, 25-32. Pas mal, ça devrait suffire.
Fallait aussi que je trouve des témoignages, de putes par exemple, les
librairies et les bibliothèques étaient remplies de bouquins de ce genre, y
avait de quoi de faire, surtout celles qui racontaient qu’elles avaient
commencé à faire le trottoir par amour
pour lui. C’était pas la matière qui manquait, vraiment pas. Pour les gros
bras à motos, j’avais aussi, tout compte fait, une petite idée, simple et
efficace : que ça soit les filles qui parlent, les Harley vues par les
filles, elles raconteraient pourquoi elles les suivaient pendant des journées
entières, à bouffer des insectes, assises derrière, et le soir, le cul en
compote, comment elles se faisaient enfiler (sans gros mots, non, Belami, sans
gros mots !), comment aussi ils se les repassaient, entre bons copains ça
ce fait, non ?, comment elles avaient envie de dégueuler quand fallait
sucer des queues qui passaient leur temps à pisser de la bière. Mouais, pas
mal, y avait de la matière, ça devrait suffire.
Hildegarde est arrivée.
Putain ce cul ! Cette fois-ci, elle portait une jupe fendue, mais quel
cul, bordel de dieu !, on lui voyait la culotte, rose pâle, toujours un
soutien-gorge renforcé, elle était tout simplement sublime, sublime ! J’ai
pensé alors à ma queue et à la petite promesse que je lui avait faite après le
départ de Hrosvitha, c’était presque plus fort que moi, je croyais bien qu’elle
allait faire autre chose que pisser !
- Salut, je passais dans le
quartier et j’avais deux heures de libre, j’ai pensé que ça te ferait plaisir
de me voir.
- Of course, natürlich, por supuesto, belladonna !
- Tiens, c’est pour toi.
Elle a sorti alors de son
sac un truc un peu étrange tout en me disant :
- T’aime les fraises ?
- Euh... Ouais.
- Regarde, c’est des
sous-vêtements comestibles, à la fraise !
Qu’est-ce que c’était que ce
truc ? Hildegarde s’est dépoilée et s’est mise à enfiler la culotte et le
soutien-gorge, rouges, truffés de petits points noirs. Elle était à croquer...
- Alors, tu aimes ?
- Pas mal, pas mal, et
maintenant ?
- Et maintenant, à
table !
Elle m’a poussa sur le
canapé, a approché ses seins et m’a mis
d’office le soutien-gorge dans la bouche, à table donc !, puis elle a posé
son cul sur ma tronche, Vas-y, continue ! qu’elle disait. Son joli
ensemble était en piteux état et, franchement, tant de sucreries me donnaient
mal au cœur, mais bon, elle aimait ça, j’ai arraché ce qui restait de ses
dessous comestibles et lui ai trifouillé la chatte avec ma langue, là c’était
du sérieux, elle s’est allongée à son tour et m’a laissé terminer, après avoir
joui, elle m’a dit que je pouvais à présent la tringler, bordel de dieu,
c’était excitant ses conneries !, comme la veille, elle me tenait la queue
pour vérifier que la capote était toujours à sa place, j’ai déchargé assez
rapidement.
- Alors, ça t’a plu ?
- Pas mal, un peu indigeste,
peut-être, mais pas mal !
- Tant mieux, j’ai encore
d’autres idées, pour un autre jour.
- D’ac’.
Ça n’avait pas duré une
demi-heure, il nous restait encore pas mal de temps avant la fin des deux
heures annoncées. Et maintenant, qu’est-ce qu’on fait ? que je lui
ai dit, À toi de voir, moi, j’ai déjà donné ! Avec ses histoires de
sous-vêtements comestibles et son j’ai
encore d’autres idées, j’avais pas envie de rester en rade côté
inspiration.
- On t’a jamais pissé
dessus ?
- Euh... non ! Comment
ça s’appelle, déjà, ce truc-là ?
- Urolagnie ou urophilie. De
Philia, aimer et de...
- Laisse tomber le
latin !
- C’est pas du latin, c’est
du grec.
- On s’en fout, c’est
dégueulasse quand même !
Bon, ça lui plaisait pas.
Autre chose. Mais quoi ? Allez, pourquoi pas ça, allez, j’essaie.
- T’aimerais pas voir des
anges ?
- Quoi ?
- Des anges ! Si tu
veux, je t’emmène voir des anges, et pas n’importe lesquels !
- T’es sûr que tu vas
bien ?
- Mais oui ! Des
fresques qui représentent des anges.
- Des quoi ?
- Des fresques.
- C’est quoi ça ? Pas
des trucs en rapport avec ton uro-machin j’espère !
- Non, des peintures
murales, des fresques, des peintures peintes sur du plâtre frais, du XIe
siècle, tu te rends comptes !
- Ah, un musée !
- Ouais. Ça te dirait
d’aller voir des anges ?
- Pourquoi pas, on a le
temps.
Je l’ai emmenée dans un des
musées les plus incroyables qu’il m’ait été donné de voir dans ma putain de
vie ! Des fresques médiévales, romanes, qui avaient été décollées de leur
lieu d’origine et replacées là, les colonnes, les voûtes, tout avait été
reconstruit ! Grandiose ! Y en avait des dizaines, de fresques :
Dieu, le Christ, la Vierge, des saints et les fameux anges, les ailes repliées,
deux paires, une vers le haut, une autre vers le bas, des ailes remplies d’yeux,
un spectacle inouï, des couleurs ! Je m’étais approché d’Hildegarde et
avais commencé à lui raconter un peu de ce qu’elle avait devant les yeux, je
lui avais pris la taille et lui parlais à l’oreille. Putain de bordel de dieu,
ma main sur le cul d’Hildegarde et les anges avec des yeux à n’en plus
finir ! On s’arrête devant le Christ en majesté entouré des quatre
évangélistes.
- Et le Christ, il est mort
à quel âge ?
- À trente-trois ans.
Rassure-toi, j’ai passé le seuil, y peut plus rien m’arriver !
Ça l’avait
pas fait rire ! Elle avait cependant noté sur un petit bout de
papier : Ange / Mathieu ; Aigle / Jean ; Taureau / Luc ;
Lion / Marc. Faut que je me sauve, qu’elle m’a dit, il est déjà tard, on se
téléphone ? D’ac’, on se téléphone. Il était grand temps que je me
remette à l’article sur les suceuses de ces queues qui pissaient des litres de
bière. Pendant trois jours, ni Hildegarde, ni Hrosvitha, ni personne qui vienne
me faire chier avec des histoires de jalousie ou de culottes au citron, à la
mandarine, au melon ou à la fraise, personne ne m’avait téléphoné ni était venu
sonner à ma porte. L’article était terminé. Belami était content. Moi aussi,
j’étais content.
Deux jours plus tard, mon
article était paru. C’est marrant, mais ça me faisait toujours plaisir quand je
voyais tout ça imprimé dans TéléPlus,
cette revue de merde pour un lectorat de
merde, mais bon, c’était mon boulot, je le faisais comme on voulait que je le
fasse, un point c’est tout. Des temps meilleurs viendraient, sûr. Pour le
moment, Belami était content, moi aussi j’étais content, et en plus ma queue
avait retrouvé sa teinte rosée habituelle. La vie continuait et j’étais sûr que
les isalopes ne viendraient pas à manquer, bordel de dieu, pour ça, non !
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