mardi 28 août 2012

Chap. 15 : Quand les anges démangent.



Héloïse était partie, j’étais resté comme un con à la regarder s’en aller, ce cul, putain de cul !, elle ne s’était pas retournée, seul son cul qui partageait, divisait et unissait tout le reste de son putain de châssis ! Je me disais que ça aurait pas été mal de rester encore un peu ensemble, pas pour baiser, non, d’ailleurs j’avais la queue dans un état !, non, simplement pour être ensemble, et puis je suis vraiment trop con, ouais, d’abord, qu’est-ce qu’on aurait foutu ensemble ? La seule chose que je savais d’Héloïse, c’est qu’elle avait un petit ami à la masse, un givré des collants de sa sœur qu’il s’enfilait dans le cul et..., j’ai déjà raconté ça, pas besoin d’y revenir. Bon, quoi d’autre ? Qu’elle travaillait à Fragrance shop, une des boutiques de Romain Mords-moi-l’noeud, et puis quoi d’autre ? En fait, je savais l’indispensable, d’elle, et de moi par rapport à elle : elle avait un putain de corps et j’étais dingue de son putain de corps ! Bon, quand même, deux ou trois petites choses :  quand on la limait, elle était expressive : Vas-y, baise-moi, défonce-moi ! Salaud, tu vas me faire jouir ! Tu vas me faire jouir, continue comme ça, mets ton doigt dans mon petit trou du cul, branle-moi le con ! Allez, laisse-moi de sucer les couilles ! Ah, comme tu la bouffes ma chatte, je vais décharger, tiens, prends ça, Ah, salaud, tiens, allez, tiens ! Y a pas à dire, elle était expressive ! Et puis, je savais aussi qu’elle aimait ça, bordel de dieu, pour ça, oui qu’elle aimait ça ! C’était suffisant. Je me souviens qu’un jour Néné m’avait demandé ce que je leur trouvais à mes branleuses à peine sevrées, je lui avais répondu que ça se voyait à l’œil nu, Oui, mais, en dehors de ça ? qu’il m’avait demandé, mais y avait pas d’en dehors de ça, j’avais aucune intention de m’installer en ménage, de leur faire un môme et d’entrer dans une sorte de rumeur morose de l’existence, c’était comme ma respiration, j’en prenais une bonne gorgée et la vie me paraissait moins pesante, mais y s’accrochait, Néné, et il me disait : Mais ça mène à quoi, et après ?, il était quand même comique, mon pote Néné, le but était inclus dans l’acte, comme au resto, service compris, y avait rien avant, rien après, ça menait à soi-même, et puis qu’il vienne pas trop me titiller les neurones, c’était quoi, hein, c’était quoi quand il passait des heures et des heures devant des matchs de foot, hein, c’était quoi !, moi je préférais tout simplement le frisson des culs, des nichons, des chattes, question d’émotion et d’esthétique ! Mais avec Héloïse, y avait un truc qui tournait pas rond ! Elle me trottait dans la cervelle à longueur de temps, qu’est-ce qu’elle pouvait bien avoir, cette môme, pour que ça me fasse cet effet-là ?
 

Merde, presque onze heures ! J’avais rendez-vous avec Sœur Angèle de l’Adoration, couvent des Ursulines, à midi. Fallait que j’active le mouvement. Bon, salle de bain et un costume, le gris, sobre, ça ferait l’affaire. Et merde ! Rien n’était repassé ! Repasser, ça fait chier tout le monde ! Enfin, presque. Moi, j’avais une copine, une givrée des mondes transcendantaux, qui me disait toujours qu’elle adorait ça parce qu’elle en profitait pour méditer... Moi, j’avais aucune envie d’entamer des dialogues avec les énergies cosmiques, et repasser me faisait chier, mais chier ! Pour les pantalons, je les mettais entre le sommier et le matelas, mais là, j’avais oublié de le faire. Et merde ! Bon, j’avais bien le costume beige, ou le blanc, mais c’était peut-être un peu trop voyant ! Bon, tant pis, allez, le blanc !
 
J’étais à peu près présentable, propre, rasé, costume acceptable, j’avais pris le magnétophone pour enregistrer la conversation, tout était prêt, en avant, j’étais dans les temps. Et merde, encore le téléphone !
 
- Allô.
- Salut, chéri, c’est Hidegarde !
- Eh ! Comment tu vas ?
- Dis, je suis dans le coin, je pourrais passer te faire une petite visite, si tu veux !
- C’est pas que je voudrais pas, mais là, faut que je sorte, je vais au couvent des Ursulines.
- Ta vas où ?
- Au couvent...
- Tu entres dans les Ordres ?
- Non, là bas y a que des gonzesses !
- Tu vas te confesser, alors ?
- Écoute, Hildegarde, je suis un peu pressé, on se rappelle ?
- C’est dommage, j’avais préparé quelque chose qui t’aurait plu.
- Désolé, ça sera pour un autre jour.
- Et tu veux pas savoir ce que c’est ?
- Je préfère les surprises !
- Dommage !
- Ouais, dommage, un autre jour, allez, je me sauve, je t’embrasse.
- Au revoir, Charles.
 
Elle avait l’air déçu, cette petite putain d’isalope d’Hildegarde avec son putain de cul, numéro deux ! Bon, elle me bottait quand même, l’isalope, mais, à vrai dire, c’était quand même autre chose avec Héloïse, cette putain d’isalope sublime d’Héloïse, mais quand même, entre Hildegarde, Hrosvitha et María Asunción, y avait pas photo, et de loin ! Bon, on verrait, j’allais pas m’emmerder avec ça maintenant, maintenant j’allais au couvent des Ursulines pour voir Sœur Angèle de l’Adoration !
 
Je sonne. À travers une petite fenêtre grillagée pratiquée dans la massive porte de bois de l’entrée, je vois apparaître un œil et un nez. Je me présente, une sorte de vieillard borgne et bossu m’ouvre et me demande de le suivre dans le bureau de la Mère Supérieure qui, me dit-il, m’attend déjà. Il frappe à la porte et s’éloigne, quelques ombres fugitives passent au fond du couloir, tout respire le calme, le silence et l’emmerdement, que je me dis. Quand je me retourne vers la porte qui vient d’émettre un léger grincement, je me retrouve devant une imposante masse noire terminée par un visage comme gonflé à la cortisone ! Bordel de dieu, on fait pas des peurs pareilles, on prévient quand même !
 
- Monsieur Monluc !
- Mes respects. (Et on dit quoi dans ces cas-là, ma Sœur, ma Mère, chère Madame, Mademoiselle !)
- Asseyez-vous, s’il vous plaît.
 
Le bureau était impeccablement rangé, tous les meubles étaient de bois sombre et brillant, des crucifix et des peintures de saints remplissaient les murs. La masse noire ne s’était pas assise, elle  saturait le fauteuil qui craquait sous l’effort qui lui était imposé. J’ai pensé à Hrosvitha...
 
- Permettez-moi tout d’abord de vous dire combien je vous suis reconnaissant d’avoir accédé à ma requête et combien je suis confus d’occuper un peu de votre temps !
- Je vous assure que c’est avec joie que nous vous accueillons au sein de notre communauté. De plus, et peut-être ne le savez-vous pas, mais la famille Belami est depuis plusieurs générations d’une grande générosité pour notre couvent. Vous même, d’ailleurs, cher Monsieur, n’êtes pas un inconnu pour nous, vos articles dans TéléPlus vous ont précédé ! De plus, María Asunción Belami nous a dit le plus grand bien de vous. (Sacrée isalope de María Asunción ! que je me disais.)
- Madame Belami !
- Ne vous offusquez pas, je vous prie, vous ne verrez rien que de très normal dans le fait de m’être mise en contact avec la revue pour laquelle vous travaillez, une simple formalité, je vous assure.
- Mais non, bien entendu.
- Vous savez, nous vivons le plus souvent retirées du monde dont le bruit ne nous arrive que par de lointains échos. Notre existence est presque entièrement consacrée à la prière. Il est indispensable qu’une autorité morale, que je représente, filtre ces échos, afin que la paix intérieure de chacun de nos membres rejaillisse sur l’ensemble de la communauté. Vous dire que votre présence ici est anodine, serait manquer à la vérité. Nous nous sommes réunies pour décider laquelle de nos Sœurs  aurait avec vous l’entretien qui motive votre présence en nos murs. Notre choix s’est porté sur Sœur Angèle de l’Adoration, une des plus pures et dévouées servantes de notre Seigneur. Afin de vous recevoir, Sœur Angèle a été exemptée, durant une heure, des tâches qui lui incombent. Je ne sais si vous pouvez prendre la mesure de ce que cela représente, et pour elle, et pour nous, car, voyez-vous, ce qui importe ici est la régularité, la reprise, jour après jour, des mêmes mots, des mêmes gestes, et ce, afin que nous puissions servir au mieux Dieu auquel nous avons voué pleinement et entièrement nos existences.
- Je vous en suis d’autant plus reconnaissant.
 
Tout ça commençait à être un peu longuet, mais la masse noire ne paraissait pas vouloir me lâcher la grappe, et ça durait, et ça durait.
 
- Si j’ai bien compris le sens de votre visite, cher Monsieur, vous désirez donner à vos lecteurs et lectrices un exemple d’amour désintéressé, qui, dans le respect et l’amour, vit dans et par le Christ ressuscité (elle avait une voix grasse et fluette à la fois, des doigts boudinés qu’elle avait déposés, croisés, sur le haut d’une impressionnante extension ventrale. La prière, mon cul ! que je pensais, ou alors elle devait passer ses nuits dans les cuisines et pas pour avaler un ou deux quignons de pain rassis !), vous avez raison, l’humanité a besoin de ces rappels, de droiture, de foi, d’amour vrai, de dévouement. Vous savez, nous préférons, d’ordinaire, nous limiter à notre mission, mais outre le fait qu’il nous est difficile de rien refuser à la famille Belami, nous sommes persuadées du bien fondé de votre démarche, tout comme de sa nécessité (je me demandais ce que je pouvais faire pour me débarrasser de cette masse noire, pas facile, son moulinet à paroles tournait, tournait...). Il y a quand même certaines choses que je crois être de mon devoir de vous exposer.
- Je vous écoute, que je lui dis, et comme elle me laissait pas en placer une, je voyais pas trop ce que je pouvais faire d’autre, et merde !
- Depuis environ un an, à raison d’une fois par semaine, l’abbé Grandier vient nous entendre en confession, et il se déplace depuis Loudun, le pauvre ! Une fois terminé, nous avons l’habitude de converser quelques instants. C’est un homme d’une grande culture, d’un grand cœur, d’une grande bonté. Lors de ces entretiens, je m’ouvre à lui des difficultés que je rencontre dans ma lourde tâche. L’abbé Grandier sait écouter et ses avis me sont toujours précieux. Cela fait plusieurs mois, j’ai commencé à remarquer chez quelques-unes de nos Sœurs, surtout les plus jeunes, un comportement inhabituel : retard aux offices, appétit déclinant, regards comme absents, un certain laisser-aller dans la tenue générale, et puis d’autres choses bien plus inquiétantes encore, comme par exemple une sorte de léger rictus au moment de communier. Je n’ai pas voulu m’en alarmer outre mesure au début, mais tout ceci n’a fait que s’accroître. Même notre bon vieux Blaise, le concierge que vous avez croisé en arrivant, est venu me voir un soir pour me raconter des choses abominables que j’ai préféré, dans un premier temps, attribuer à un esprit sénile et un peu simplet. L’abbé Grandier m’a assuré qu’il ne fallait prendre tout cela que comme un trouble momentané, bien compréhensible chez nos plus jeunes. Il m’a proposé de les entendre plus longuement chacune à leur tour. Il fait à présent deux fois par semaine le voyage, le saint homme ! Pour ma part, je ne constate aucune amélioration, ce serait même presque le contraire. Que faire ? Ah, je ne sais pas pourquoi je vous raconte tout cela !
- Ma Mère...
 - Appelez-moi Sœur Jeanne des Anges, comme tout le monde, cher Charles !
- Je ne crois pas être la personne la plus indiquée pour vous conseiller en cette matière. La seule chose que je peux vous proposer est de remettre mon entrevue avec Sœur Angèle...
- Non, non ! Juste une petite chose, acceptez de passer me voir après votre entretien.
- Avec plaisir !
- Oh, que dites-vous là !
- Que vous pouvez compter sur moi !
- Merci. Sœur Angèle vous attend, premier étage, première cellule, tout de suite à gauche.
 
À dire vrai, elle commençait à me chauffer les narines avec ses histoires à la con, la Sœur Jeanne de mes deux ! Bah, elle avait pas l’air méchante, plutôt sympathique même. En définitive, je me demandais si elle était pas quand même un peu sonnée, un léger rictus au moment de communier, tu parles !, y avait de quoi, qu’elles  y mettent un peu de pâté sur leurs hosties !, c’est vrai, quoi, moi aussi ça me donnerait envie de gerber de bouffer ça à longueur de journée ! Ce qui me faisait le plus chier, c’était de pas savoir ce qu’il avait bien pu lui raconter le Quasimodo de mes deux ! Qu’est-ce qu’il avait bien pu voir ou entendre ? Bon, je monte à l’étage, je frappe au numéro un, je d’mande la Sœur Angèle, la porte s’ouvre lentement... Et merde ! Merde, de merde et de merde ! Putain de bordel à queues ! Mais qu’est-ce que c’était que ça ? Mais merde, putain de merde, merde, et merde de putain de merde ! Qu’est-ce que j’avais devant les yeux ! Une putain d’isalope déguisée en nonne ! Elle avait un visage, des yeux, un nez, une bouche, une bouche, bordel de dieu, une vraie bouche à queues ! Même cette putain d’isalope sublime d’Héloïse, à côté, c’était de la pisse de chat, ou presque ! Sœur Angèle de l’Adoration a dû se rendre compte de quelque chose parce qu’elle a baissé la tête et m’a juste dit : Entrez ! Un lit, un coffre, un prie-Dieu, des murs blancs, un crucifix au-dessus du lit, et c’était tout. Et on s’assoie où ? Y avait autre chose qui tournait pas rond dans cette histoire. Moi, je croyais qu’on allait nous installer dans un endroit sombre, séparés par une épaisse grille, comme au confessionnal. Ben non, on m’avait fait monter dans la cellule de cette merveille en cornette. J’étais pas entré depuis dix secondes qu’on frappe à la porte et sans que cette putain de beauté consacrée à ce putain de salaud d’enfoiré de dieu (y s’en tapait décidément pas que des moches ! que je me disais) dise quoi que ce soit, je vois entrer deux... deux... mais deux.... Et merde ! Merde, de merde et de merde ! Putain de bordel à queues ! Mais qu’est-ce que c’était que ça ? Mais merde, putain de merde, merde, et merde de putain de merde ! Qu’est-ce que j’avais devant les yeux ! Deux putain d’isalopes déguisées en nonne ! Elles avaient un visage, des yeux, un nez, une bouche, une bouche, bordel de dieu, une vraie bouche à queues ! Même cette putain d’isalope sublime d’Héloïse, à côté, c’était de la bave de crapaud, ou presque ! Elles étaient entrées avec chacune une chaise à la main, elles les ont déposées au milieu de la pièce, sont ressorties, et sont entrées à nouveau, cette fois-ci avec une petite table, elle sont reparties sans prononcer un seul mot. Calme-toi, mon garçon ! que je me suis dit, et c’était difficile de se calmer devant Sœur Angèle. D’un geste de la main, elle m’a invité à m’asseoir, j’ai sorti mon magnétophone, une minute plus tard, tout était prêt pour commencer. Mais qu’est-ce que j’allais bien pouvoir lui dire ?
 
- Vous connaissez la raison de...
- Ah ! qu’il fut doux son premier baiser à mon âme !
- Le sujet de mon...
- C’est un vingt-cinq décembre que je reçus la grâce de sortir de l’enfance.
- C’est quoi...
- Il a fait alliance avec moi et je suis devenu sienne. Il m’a nourri de la plus pure farine, de miel et d’huile en abondance. Alors je suis devenue belle à ses yeux et il a fait de moi une puissante reine.
- L’amour ?
- Je lui demande de m’attirer dans les flammes de son amour, de m’unir si étroitement à lui, qu’il vive et agisse en moi.
- Et comment ça a commencé ?
- À Rome, il perça son petit jouet. Il voulait voir ce qu’il y avait dedans et puis l’ayant vu, content de sa découverte, il laissa tomber sa petite balle et s’endormit.
- Il s’est endormi après ?
- Il rêva qu’il s’amusait encore avec son jouet, le laissant et le prenant tour à tour, et puis après l’avoir fait rouler bien loin il le pressait sur son cœur, ne permettant plus qu’il s’éloigne de sa petite main.
- L’amour est donc une manière de...
- Je trouve cela tout naturel puisque je me suis offerte à lui non comme une personne qui désire recevoir sa visite pour sa propre consolation, mais au contraire pour le plaisir de celui qui se donne à moi.
- Et les vœux de...
- Il me semble que, lorsqu’il descend dans mon cœur, il est content de se trouver si bien reçu et moi je suis contente aussi...
- Est-ce une relation satisfai...
- Ah ! combien de sujets n’ai-je pas de le remercier, lui qui sut combler tous mes désirs !
- Et quels...
- Maintenant, je n’ai plus aucun désir, si ce n’est celui de l’aimer à la folie !
- Après tout ce qu’il vous a...
- C’est l’amour seul qui m’attire, c’est l’abandon seul qui me guide, je n’ai d’autre boussole.
- Le seul...
- Mon âme s’est employée avec toutes ses ressources à son service, je n’ai plus d’autre office, parce que maintenant tout mon exercice est d’aimer !
- Un amour doulou...
- Ô toi, que ce soit moi cette heureuse victime, consume ton holocauste par le feu de ton divin amour !
- Un amour exclusif.
- Son regard et ses caresses étaient la plus douce des réponses. Il est content, très content ! qu’on me disait. Mais après m’avoir caressé avec plus d’amour que ne l’a jamais fait pour son enfant la plus tendre des mères, je le vis s’éloigner !
- Pas trop reconnaissant, le...
- Mon cœur était dans la joie, mais je me souvins de mes sœurs, et je voulus demander quelques grâces pour elles, hélas !
- Il n’a pas voulu ?
- Ah ! pardonne-moi si je déraisonne...
- Mais non, voyons !
- Pardonne-moi et guéris mon âme en lui donnant ce qu’elle espère.
- Que voulez-vous dire ?
- Être par mon union avec toi la mère des...
- Maintenant ? Ici ?
- Je sens le besoin, le désir d’accomplir pour toi, toutes les œuvres les plus héroïques.
- Limitons-nous à...
- Ô toi ! à toutes mes folies que vas-tu répondre ?
- Mais, je...
- Veux-tu combler aujourd’hui d’autres désirs plus grands que l’univers ?
- Euh...
- Mon cœur est brûlant, il est brûlant d’amour, un amour qui embrase tous les temps et tous les lieux, je le sais, ma vocation c’est l’amour !
- Alors, si vous voulez...
- Je le sais, l’amour ne se paie que par l’amour. J’ai cherché et j’ai trouvé le moyen de soulager mon cœur en te rendant amour pour amour.
- Moi aussi je vous...
- Mes immenses désirs ne sont-ils pas un rêve, une folie ?
- Je vous assure que...
- Ah ! s’il est délicieux le désir de t’aimer, qu’est-ce donc de posséder, de jouir de l’Amour ?
 
Voilà qui était trop ou trop peu ! Autant la masse noire m’avait chauffé les narines, autant Sœur Angèle me chauffait les billes et le cornet ! Plus elle parlait, plus sa respiration s’accélérait (et la mienne, donc !), ses yeux étaient presque convulsés, sa bouche avait laissé passer quelques petites coulées de salive aux commissures, elle levait les bras au ciel, elle... J’ai déjà dit que j’étais un sentimental, mais ce que je n’ai pas encore dit, c’est que je suis aussi de bonne composition, plutôt serviable même, et devant Sœur Angèle je crois que je ne pouvais pas faire moins qu’avec d’autres qui n’en méritaient pas le dixième. Je me suis approché, elle n’avait pas arrêté de parler. J’ai commencé par lui prendre une main, Si l’Astre adoré reste sourd aux gazouillements plaintifs de sa petite créature, s’il reste voilé... eh bien ! la petite créature reste mouillée, je lui ai enlevé sa cornette, Que ton petit oiseau est heureux d’être faible et petit, que deviendrait-il s’il était grand ?, ça allait décidément à une vitesse ! Ma queue n’en pouvait plus, j’ai décidé de faire respirer un peu mon petit oiseau, il était gonflé à s’en faire péter les veines, Tu veux me nourrir de ta divine substance ?, qu’à cela ne tienne, je lui ai remonté la robe, un cul, putain quel cul !, Il soulève le voile qui cache mes imperfections !, sacrée putain d’isalope de Sœur Angèle, imperfections ?, quel cul, mais quel cul ! Elle mouillait, l’isalope !, elle avait une chatte comme une route bien droite, bien lisse, je sentais que j’allais pas pouvoir durer trop longtemps, Depuis un an, il a voulu changer la manière de faire pousser sa petite fleur, il la trouvait sans doute assez arrosée, ben, y sait pas ce qu’il perd, le con !, j’ai pas mis deux minutes à décharger, un plaisir d’une intensité, putain ! Au fond de son calice elle conserve les précieuses gouttes de rosée qu’elle a reçues, elle pouvait continuer à causer, je remuais doucement en elle, elle parlait toujours, à genoux sur son prie-dieu, Maintenant, il n’y a plus de danger, au contraire, la petite fleur trouve si délicieuse la rosée dont elle est remplie qu’elle se garderait bien de l’échanger pour l’eau si fade des compliments, ouais, je savais que ça avait pas dû être exceptionnel, mais elle m’avait tellement excité avec ses histoires ! Je lui ai réajusté la robe noire et ai arrêté le magnétophone. Elle avait un visage d’une beauté ! Elle était comme en extase, je pensais qu’elle en faisait peut-être un peu trop. J’allais lui dire au revoir ou une connerie du genre, quand elle a baissé légèrement la tête vers moi, elle m’a regardé et m’a dit : Il me semble maintenant que rien ne m’empêche de m’envoler, car je n’ai plus de grands désirs si ce n’est celui d’aimer jusqu’à mourir d’amour !
 
Elle était vraiment incroyable la Sœur Angèle de l’Adoration ! Et merde ! que je me suis dit au moment de quitter cette putain d’isalope en extase, fallait que je retourne voir la masse sombre ! Elle m’a ouvert la porte de son bureau avec un air d’impatience et de curiosité. Alors ? qu’elle m’a dit. J’ai rembobiné le magnétophone et lui ai fait écouter le début de notre entretien. Il lui a pas fallu trois minutes pour m’ordonner d’arrêter. Heureusement, que je pensais, parce que la suite...
 
- Je le savais, j’en avais l’intuition, le pressentiment, la certitude même.
- Que voulez-vous dire ?
 
Elle m’a regardé avec toute l’intensité de ses yeux enfoncés dans le magma boursouflé de ce qui lui servait de visage et m’a dit :
 
- Je le savais, j’en avais l’intuition, le pressentiment, la certitude même, nous avons une Sainte dans notre communauté, vous m’entendez, Charles, vous comprenez ce que cela signifie, une Sainte, une Sainte dans notre communauté, Dieu soit loué, loué soit le doux nom du Seigneur ! Amen ! Amen et Amen !
 
Elle s’est alors levée d’un bond (façon de parler !), le fauteuil est allé valser derrière elle, et tout en criant comme une possédée Une Sainte dans notre communauté, une Sainte dans notre communauté !, elle est sortie de son bureau, les bras en l’air, comme si son équipe venait de gagner la coupe du monde (sacré Néné, t’aurais dû voir ça !), je suis allé à la porte de son bureau, elle courait à petits pas et continuait à vociférer Une Sainte dans notre communauté, une Sainte dans notre communauté !, puis elle a disparu au bout du couloir, seule sa voix qui chantait la même chanson, qui résonnait et qui peu à peu s’est évanouie. Est arrivé alors le Quasimodo de mes deux !, il roulait des yeux de damné, il m’a pris par le bras avec une force sans appel, et m’a prestement fichu dehors. Putain de bordel de merde ! que je pensais, si je raconte ça à mon pote Néné, sûr qu’il va me croire encore plus timbré que d’habitude !
 
J’étais quand même bien sonné par toute cette histoire, devant mes yeux, je voyais encore le putain de cul de cette putain d’isalope de Sœur Angèle de l’Adoration, et dans ma tête y avait comme un mélange de la petite fleur trouve si délicieuse la rosée dont elle est remplie et de Une Sainte dans notre communauté, un vrai bordel, quoi ! De l’autre côté de la rue, j’ai vu une Pâtisserie – Salon de thé, j’avais besoin d’un petit remontant, je suis entré.
 
Au chocolat ou au café ? qu’elle me dit l’adolescente boutonneuse qui se trouvait là. J’avais rien dit, même pas pointé le doigt sur les religieuses pour lesquelles elle me demandait de choisir entre deux parfums. J’ai dû lui paraître vraiment con, en tout cas un peu sonné, parce qu’elle a ajouté :
 
- Vous venez de chez les folles d’en face ? Vous inquiétez pas, à chaque fois que quelqu’un sort de là, il entre chez nous et nous demande une religieuse au chocolat ou au café. Me demandez pas pourquoi, ni comment, ni quoi que ce soit ! Ici, c’est mon boulot, je le fais comme on veut que je le fasse, un point c’est tout, je sais rien, j’ai rien vu, j’ai rien dit, et puis, que chacun fasse ce qu’il veut. Alors, chocolat ou café ?
- Café et un Cointreau, triple.
 
Je regardais ma religieuse au café, son gros cul et sa petite tête, et je me demandais qui avait bien pu inventer une pâtisserie pareille : un gros cul, une petite tête ! Je faisais tourner la religieuse au café devant moi, un gros cul et une petite tête ou un petit cul et une grosse tête ?, que je me disais, et pour baiser ?, je crois que je préférais la deuxième version. Pour les gâteaux, c’était au poil, mais pour baiser, non ! Au moment d’enfoncer ma cuillère dans le gâteau et d’aller chercher la crème au café, je me suis juste dit qu’y en avait de la douceur dans le cul des religieuses, et de la crème fouettée dans leur cervelle !

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