mardi 28 août 2012

Chap. 16 : Ciao belladonna !



De retour chez moi, je me suis refait une petite session de magnétophone. Putain d’isalope ! Putain d’extase ! Une sainte ? Mouais... Je commençais à avoir pas mal de matière pour me mettre à ordonner un peu tout ça et rédiger l’article qui allait avoir de la gueule, j’en étais persuadé. La sonnerie du téléphone :
 
- Alors, ces religieuses ?
- Salut, Hildegarde. Les religieuses ? Au café !
- Quoi ?
- Je les préfère au café, au chocolat, non !
- Tu te sens bien ?
- Pas mal.
 
J’allais pas me mettre à lui raconter ma matinée, d’ailleurs,  elle m’aurait certainement pris pour un illuminé, et menteur en plus ! Je me disais que ses sous-vêtements comestibles étaient loin de valoir l’épais tissu de mon isalope extasiée !
 

- Alors, raconte !
- Y a pas grand chose à raconter, tu sais, juste l’amour universel, l’amour en Jésus-Christ et toutes ces conneries !
- Dis, on se voit ?
- Quand ça ?
- Cet après-midi ?
- Oui... euh... tu sais, je voulais bosser un peu sur mon article, mais...
- Tu veux pas me voir, c’est ça ?
- Mais qu’est-ce que tu dis ? Bien sûr que je veux te voir, mais là, je sais pas moi... euh... demain ? Ah non, attends, demain, euh... demain, j’ai deux rendez-vous, attends... euh... après-demain... désolé, mais je suis occupé aussi, ah merde !, on se téléphone dans quelques jours ?
- Charles !
- Oui.
- Y a quelque chose qui tourne pas rond ?
- Mais non, voyons, tout baigne !
- Charles !
- Oui, quoi ?
- Dis-moi la vérité.
- La vérité ? Mais quelle vérité ?
- Tu en as plusieurs ?
- Tu dois comprendre que je peux pas vivre de l’air du temps, faut que je bosse, quand même !
 
Hildegarde m’a raccroché au nez ! La conne ! Mais comme dirait une copine, ça va lui faire le double de boulot : se fâcher et se défâcher ! Bon, même si Hildegarde avait un putain de cul ! (surpassé par celui de cette isalope sublime d’Héloïse, quand même !), je voyais pas pourquoi je devais me compliquer la vie pour elle ! Elle m’appellerait un jour, c’est tout. Une heure après on sonnait à ma porte. Et merde ! J’étais en plein boulot. J’ouvre. Hildegarde !
 
- Je suis content de te voir, mais je croyais t’avoir dit qu’il fallait que je bosse sur mon article !
- Pourquoi tu me fais ça, Charles, pourquoi ?
 
J’en croyais pas mes oreilles ! Hildegarde en Hrosvitha ! Merde ! Merde et merde ! Et putain de merde !
 
- Tu déconnes ou quoi ? Qu’est-ce que c’est que ce cirque que tu viens me monter ici ?
- Pourquoi tu veux pas me voir ? Tu sais que je t’aime, non ?
- Mais qu’est-ce que tu dis ? Ça n’a vraiment rien à voir ! Si toi, tu as papa-maman pour te mettre une assiette devant le nez, moi, faut que je bosse pour ça, alors viens pas me faire chier avec tes histoires à la con !
- Charles, c’est la première fois que tu me parles comme ça !
- Mais c’est la première fois que tu m’emmerdes comme ça, Hildegarde !
- Mais je t’aime ! C’est ta manière de me remercier ?
- Eh, du calme ! Je t’ai demandé quelque chose, moi ? Non. Alors ?
- Mais je croyais que...
- Et qu’est-ce que tu croyais exactement ?
- Mais, que toi aussi tu m’aimais, qu’on était faits l’un pour l’autre...
 
Elle s’est effondrée sur le canapé, elle pleurait, elle pleurait, elle sanglotait, Oh Charles ! qu’elle disait, Oh Charles ! Et merde ! Merde et merde ! Putain de merde ! La conne ! La putain d’isalope de conne ! Regarde ce que je t’avais apporté, qu’elle me dit au milieu des snif snif. Elle a alors sorti d’un sac en plastique vert, tout un bordel de chaînes, de sous-vêtements en cuir noir, un fouet, des pinces à linge, et je sais plus trop quelles autres dingueries à crémaillère.
 
- Mais qu’est-ce que c’est que tout ce bordel ?
- C’était pour s’amuser un peu.
- S’amuser ?
 
Là, ça débordait ! Mais qu’est-ce qu’elle croyait, cette isalope d’Hildegarde, qu’on allait commencer à se caresser la couenne à grands coups de lanières de cuir ! Je me souviens qu’une fois, mon pote Néné est arrivé chez moi avec un bouquin en me disant : Lis ça, tu vas voir ce que tu vas voir ! Ça s’appelait tout simplement Mémoires d’une fouetteuse. Et j’ai vu ! Si ma maîtresse le désire, je peux successivement, être grondée et humiliée. Elle peut me donner sa « liqueur » à boire et son « caviar » à manger. Et, selon sa fantaisie, je dois – Être attachée, écartelée et bâillonnée solidement ; - Prendre le gode dans le cul ; - Me laisser travailler les seins aux tenailles plates et fixer des pinces avec les poids ; - Et que je jouisse ou pas, accepter jusqu’à la fin le programme prévu. Y avait pas à dire, la drôlesse savait y faire avec ses timbrés qu’elle appelait ses esclaves... Ils lui envoyaient des lettres qui commençaient par : Chère maîtresse ou Dominatrice de mes rêves ou encore Maîtresse adorée, maîtresse crainte, maîtresse vénérée. Je me demandais si mon pote Néné n’était pas tombé un peu sur le ciboulot mais, comme chacun sait, la philo, ça mène à tout, et pourquoi pas à ça ? Enfin, mon pote Néné, je l’imaginais mal en esclave, la bouche ouverte pour qu’on lui pisse ou qu’on lui chie dedans ! Quand même ! À l’époque où il m’avait passé le bouquin, il avait changé de trou et son membre honorait celui de Catherine, une isalope apparemment coincée qui l’engueulait à chaque fois qu’il rabaissait pas le couvercle des chiottes. Pour le reste, elle était plutôt gentille, pas chiante, pas trop conne non plus, pas mal, bon, une poitrine discrète et un cul un peu tombant, mais pas mal, elle bossait comme conseillère pédagogique dans un bahut de banlieue. Ils s’étaient rencontrés lors d’une conférence sur Le concept de mêmeté dans la pensée d’Emmanuel Lévinas, un truc qui faisait bander mon pote Néné et qui mettait sa nouvelle recrue en transe. Bref. Moi, les sados à la masse, pas trop ! Les Je t’aime à grands coups de baguette magique agrémentée d’une pointe métallique, pas trop non plus !
 
- Hildegarde, là, non, vraiment, tu exagères un peu, c’est vraiment pas...
- Alors, l’autre jour, quand tu m’as parlé d’uro-machin, c’était quoi, hein, c’était quoi ? C’est ça, c’est ça ce qui te plaît, une petite pluie dorée, hein ? D’accord, si tu veux !
- Hildegarde, tu te trompes, je t’assure que tu te trompes.
- C’est quoi alors, mais dis-moi, ne reste pas comme un con, à me regarder comme si j’étais le diable en personne !
- Pour être le diable en personne, comme tu dis, faut autre chose que deux morceaux de cuir, et puis, tu m’emmerdes à la fin ! Qu’est-ce que tu racontes ? Pourquoi tu viens me faire chier alors que je t’ai tout simplement dit que je voulais bosser sur mon article ? C’est de la jalousie ou quoi ?
- De la jalousie ? Et de qui je devrais être jalouse, hein, de qui ? Ça t’emmerde qu’on t’aime, c’est ça ?
-...
- De qui ?, hein !, de qui ?, d’Héloïse ?, c’est ça ?, hein !, dis-moi !, c’est d’Héloïse que je devrais être jalouse ? Allez, réponds !
- Je ne crois pas avoir de compte à te rendre.
- T’es un salaud, un salaud et un lâche !
- On a baisé, c’est tout. Je croyais que les choses étaient claires entre nous, je crois me souvenir que tu me l’as même déjà dit, que c’était ça qui te plaisait chez moi, alors pourquoi tu viens me faire chier avec toutes tes conneries ?
- Moi, te faire chier, mais c’est toi qui...
- Je me souviens d’ailleurs presque mot pour mot ce que tu m’as dit : Tu es quelqu’un avec qui on se sent bien, avec qui on sait qu’il n’y aura pas de problème. Tu ne t’imposes pas, tu ne demandes rien, tu es patient, respectueux, avec toi les choses sont simples, claires, et tu as ajouté que c’était ça qui faisait peut-être mon charme. Alors ?
- Alors, tu n’es qu’un salaud !
- Au revoir, Hildegarde.
- Un salaud, un vrai salaud. Et avec Héloïse ?
- Ne mêle pas Héloïse à tout ça, s’il te plaît.
- Tu me laisses tomber pour Héloïse, c’est ça, hein, mais qu’est-ce qu’elle a de plus que moi, hein, quoi, dis, quoi ?
- Elle me fait pas chier comme tu es en train de le faire.
- Héloïse ! Héloïse ! La salope !
- L’isalope, s’il te plaît !
- Salaud, salaud, plus que salaud.
 
Elle est partie en répétant ça, Salaud, salaud !, comme si dans ce mot elle larguait toute sa hargne. Elle était vraiment conne, on aurait très bien pu continuer à se voir, de temps en temps, mais voilà, l’amour, toujours ce putain d’amour, ces putain de sentiments à la con ! Elle pouvait pas se limiter à baiser, non, fallait des Je t’aime à en  faire trembler les murs. J’étais loin d’être joyeux, et puis, dans mon cas, une qui part, c’est pas dix qui rappliquent ! Et puis, pour dix, je crois que j’avais quand même pas la queue au niveau ! Oui, dommage, mais si c’était pour se farcir ce genre prise de bec, non merci ! Elle m’avait quand même bien plu, cette petite isalope d’Hildegarde ! Ciao belladonna !

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